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arrow-iconThématique 3
Faciliter l’accès à la justice face aux multinationales

Au-delà du renforcement des obligations et des régimes de responsabilité des multinationales, il est nécessaire de s’assurer que les victimes ont effectivement accès à la justice pour faire valoir leurs droits. Le droit fondamental d’accès à la justice ne doit pas être entravé en droit ou en fait.

Pourtant, les barrières juridiques et pratiques à cet accès à la justice sont nombreuses. Ils se situent à la fois en amont et en aval de la saisine des juridictions.

Parmi les obstacles situés en amont, le manque de transparence et d’accès aux informations relatives aux multinationales constitue un frein majeur à l’accès à la justice. En effet, l’activité internationale des entreprises et les atteintes qu’elles commettent sont par nature largement occultes.

Cela résulte d’une part du caractère privé de leurs activités et d’autre part, de la mise à distance des atteintes et des infractions au sein de chaînes de valeur complexes. Le recours aux paradis fiscaux et judiciaires, la protection accordée au secret des affaires, le secret fiscal ou encore le secret bancaire participent également de cette opacité.

Ce caractère occulte entrave l’accès à la justice, notamment lorsqu’il revient aux victimes d’établir la preuve de la responsabilité d’une entreprise. En effet, les informations pertinentes à l’établissement de cette preuve sont détenues par l’entreprise elle-même. Les victimes étrangères sont en outre confrontées à des barrières culturelles, linguistiques et financières qui creusent l’inégalité entre les parties en présence.

Les rares instruments juridiques existants, qui tendent à imposer une forme de transparence sur les activités des entreprises ou à permettre un accès ponctuel aux informations détenues par elles, ne sont absolument pas satisfaisants et ne permettent pas de remédier à l’asymétrie d’informations. Par ailleurs, les juridictions se retrouvent elles-mêmes régulièrement limitées en raison du manque de coopération judiciaire internationale et d’un manque de moyens financiers et humains.

Plus en aval du parcours judiciaire, d’autres obstacles compliquent la mise en cause des multinationales devant les tribunaux. En particulier, la saisine des juridictions pénales et civiles se heurte à des questions de compétence et de loi applicable, consubstantielles du caractère international des atteintes.

S’agissant de la responsabilité civile, si l’accès aux tribunaux français est envisageable au regard des règles de conflit de juridiction de droit international privé, ces règles ne permettent pas toujours d’appliquer le droit le plus protecteur pour les victimes. L’application extraterritoriale du droit pénal est quant à elle sérieusement encadrée et limitée en pratique.

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Propositions

Proposition 6Pour faciliter la collecte de preuves, consacrer un véritable droit d’accès aux informations d’intérêt général détenues par les multinationales, qui puisse être judiciairement sanctionné, et renforcer les capacités des juridictions à travers leur spécialisation et l’augmentation de leurs moyens

Proposition 7Supprimer les obstacles à la saisine des juridictions et à l’application de la loi la plus protectrice dans les litiges impliquant des multinationales, notamment en modifiant les articles 113-5 et suivants du code pénal et en adaptant les règles de conflit de lois en droit international privé

Cahier des 13 propositions

2è Édition

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